J'ai 23 mois !!

Publié le par Dictée magique

Je souffle bientôt mes deux bougies.

Autant vous dire que les étés quand on a des parents comme les miens, c'est pas une sinécure.

Un samedi, mon papa est rentré à son tour avec un grand sourire épanoui en disant que c'était les vacances. Là-dessus, il est parti "enterrer la vie de garçon" de Jérôme. Je ne saisis pas bien ce concept, mais c'est pas grave puisque je suis parti avec ma maman faire une soirée filles. On a bien rigolé, même si je ne voulais pas jouer avec Coline et Léo. En revanche, le chat m'a beaucoup intéressé.

Le lendemain, c'était un bazar indescriptible dans la maison. Mes parents "faisaient les sacs". Et le pire, c'est qu'ils m'avaient confisqué plusieurs de mes jouets préférés, et qu'ils les ont enfermés dans la voiture. Ils me répétaient qu'on allait voir le "copain Thomas". Ce qui est sûr, c'est qu'il était pas à côté. Bref, après des heures de voiture durant lesquelles j'ai été bien sage, on est arrivés à Paulhenc, dans le Cantal. J'ai fait la connaissance de Thomas et ses parents, Fabrice et Emilie.

Thomas, c'est un petit garçon tout blondinet qui tape super fort dans les ballons et qui n'a peur de rien. Il a aussi un pot à caca, et il mange tout seul des saucisses entières. Autant vous dire qu'on n'était pas toujours sur la même longueur d'onde. On s'est fait quelques bisous, on a lu quelques livres ensemble (on a dû se partager La petite taupe et les Franklin), mais pour tout le reste c'était un peu compliqué.

En tout cas on s'est bien promenés. On a vu des "cacarres" (de l'eau qui tombe), je leur ai bien dit "bonjour"et surtout "awhouar la cacarre" et "awhouar l'eau". Mais l'eau en général ça me faisait peur, contrairement à Thomas qui a plongé dans la rivière.

On est aussi montés dans une grosse voiture d'où on pouvait voir toutes sortes d'animaux : des vaches,  des bischschschschsches, etc. Il y avait avec nous une petite fille qui pleurait quand le 4x4 roulait, mais moi je réclamais qu'il redémarre quand il était arrêté. Je suis trouillard mais je sais tout de même apprécier les sensations fortes.

Il y a eu aussi la visite d'une ferme, je n'ai jamais osé carresser les grosses vaches, mais mon papa m'a fait asseoir sur l'une d'elles. Depuis le temps que je sais que les vaches font "meuh", j'ai eu l'opportunité de le constater de visu. Mais c'est un peu gros. Je préférais le petit chat qui nous tournait autour.

Le lendemain, on est allés faire un tour de bateau. C'est comme une voiture, mais sur l'eau. Et puis contrairement à la voiture à papa, sur un bateau, on peut se "ponner", c'est-à-dire faire les cent pas entre papa et maman sans être attaché à un bête fauteuil. En plus, "il fait tut-tut a bateau", comme j'ai dû le répéter environ 387 fois par jour à mes parents. Et ça c'est le pied. Sauf quand il le fait trop fort. Dans ce cas je demande en pleurant les "ghghghghenoux à maman".

Ah et puis on est allés se balader dans des petits chemins dans le sac à dos. Mon papa a dû traverser un ruisseau et faire quelques figures accrobatiques avec moi dans le dos pour qu'on arrive à une chouette "cacarre". Un peu effrayé je l'avoue, je faisais de nombreuses recommandations à mon papa du type "Attention pas comber", ou "né-pas-peur".

 

Enfin comme j'ai pris mes "pocotes" et mes "whaorts" à l'heure, tout allait bien.

Fait quand même pas chaud... ... une pause Pocote et Whaort !

Quand l'appétit va...

Tout ça pour dire que cette première semaine, bien qu'éprouvante, était bien sympathique. Le soir, on rentrait dans la maison, au calme. Enfin sauf une fois où maman et papa ont voulu me mettre dans la pateaugeoire, fallait pas. J'ai dû faire fuir tous les animaux de la forêt alentour vers le pôle nord avec mes cris.

On a aussi fait une soirée "aligot", une soirée où les grands mangent plein de purée qui colle. Ce soir-là, j'ai joué au baby-foot et j'ai dansé, c'était moi la vedette !

   

J'ai aussi découvert les "taliers" (quand le sol monte ou descend), et le "bogan" (sur lequel on glisse). Ca j'en avais pas peur du tout.

J'observais également toutes les voitures avec beaucoup d'attention, pour pouvoir annoncer doctement à mes parents que "c'est pas la whouature à papa", "c'est pas la whouature à maman".

Et même il m'est arrivé de randonner tout seul, avec mes belles chaussures comme papa et maman. C'était chouette. J'avais vraiment le look.

Et un jour on a dit au revoir à nos copains de voyage. Papa et maman sont repartis avec un énorme nain de jardin, et eux avec une corne de brume, décidément les grands se font d'étranges présents. A moi Fabrice et Emilie m'ont offert une marmotte qui chante. Je suis très content. Mes parents un peu moins...

Quand on est remontés dans la "whouature à papa", justement, j'ai cru qu'on allait retrouver le cadre douillet habutuel de notre maison à nous. Mais que nenni. Mes parents sont partis dans la direction opposée, le sud, sans trop savoir où ils allaient d'ailleurs. Ils se sont arrêtés à Gordes, dans un camping. Pendant que Maman me faisait courir, monter et descendre les "taliers", mon papa s'échinait à monter la "tente" par un vent à écorner les vaches de l'autre jour. La "tente", c'est comme une maison, mais en plus mou. Dedans, j'ai ma chambre avec mon lit pliant, et mes parents dorment dans celle d'en face. Entre les deux, on mange le soir et c'est tout.

La journée, on la passait toujours ailleurs que dans la tente. Par exemple, on allait visiter des villes, ce qui est très sympa pour piquer de grosses colères parce qu'on veut être dans les "brras à maman" ou sur ses "ghghghgenoux". Malheureusement, les colères n'ont pas eu l'effet escompté et au lieu d'être confortablement installé dans les bras, je me prenais une fessée ou du moins une bonne soufflante.

On a aussi été se "ponner" dans des montagnes toutes rouges, à Roussillon. On est revenus tout teintés.

Un monsieur a pris une photo de nous trois ensemble, ça faisait longtemps qu'on n'en avait pas eu, alors même si elle est prise d'un peu loin, je la mets là.

On a même été voir un trou dans lequel paraît-il il y a de l'eau, mais on ne la voyait pas. A côté, il y avait une grande roue de bois qui tournait avec l'eau, et des marteaux qui tapaient de la pâte blanche. Ca s'appelait Fontaine de Vaucluse. C'était joli.

J'ai profité de cette deuxième semaine pour faire mon premier GR avec mes parents, chaussé de mes "casschschschsch parce qu'il faisait beau. On est bien descendus en bas de Gordes, et on est remontés en passant devant des maisons avec des grosses voitures devant. J'ai précisé que ce n'était "pas la whouature à papa", mes parents ont rigolé.

   

Il faisait quand même bien chaud, alors mes parents m'ont fait rentrer dans un bâtiment bien ombragé, bien frais, très calme, où tout le monde se tait et fait des gestes bizarres.Ils ont dit que c'était une "église". Et surtout, il y avait de la "'mhuzzite" et des "boughghghgies". Quand la muzzhite s'arrêtait, je disais "Encore ? Encore ? Encore ?" et ça finissait par revenir. Quand mes parents ont voulu me faire sortir, j'ai bien sûr commencé à râler, mais il y avait des "taliers", donc ça allait. Maintenant j'ai compris. Ces grands bâtiments avec de grandes portes, ça s'appelle les "muzzhite et boughghghghies". On en a vu un autre bien plus gros, à Avignon, je ne m'y suis pas trompé. Mais quand on est rentrés, il y avait bien les boughghghghies, mais pas de muzzzzhite. Autant vous dire que j'ai réclamé. Quelqu'un a fini par rectifier cette erreur grossière, et j'ai sagement sucé mon pouce.

A Gordes, j'ai aussi rencontré mes premières copines de camping, deux grandes filles qui m'ont initié aux joies du seau et de la pelle. C'est un peu salissant, mais c'est marrant.

Pendant ce séjour, il y a tout de même eu un épisode un peu douloureux, qui a été celui de mon passage aux urgences de Cavaillon. L'après-midi, je me suis plaint de "mal à caca", ce qui n'a pas affolé mes parents plus que ça, jusqu'au moment où maman a voulu me "changer la couche". En fait j'avais une infection au "zhizhi", c'était très douloureux, pas question que maman touche, je hurlais tout ce que je pouvais. Ni une ni deux, ils cherchent un docteur, mais personne n'était là, donc le soir ils ont appelé le médecin de garde qui n'était pas là non plus, et ils ont fini aux urgences. On s'est vite occupé de moi, on m'a prescrit des bains de zhizhi dans un liquide qui sent pas bon du tout, qui décolore et qui picote, fallait bien me tenir. Mais ça a été vite réglé. En plus, le soir en sortant des urgences, mes parents m'ont fait manger à côté un camion qui vendait des pizzas, et j'ai piqué un fou-rire parce que maman me chantait "Frère Jacques" en faisant des "mimaces". J'en profite pour vous annoncer fièrement que je connais cette chanson par coeur et que je la chante tout seul, mais uniquement le soir dans mon lit avec Abdel pour public privilégié. Et j'en profite aussi pour vous dire que je cours très bien. Faut dire que Maman y mettait du coeur...

Après tout ça, on a fait beaucoup de whouature à papa pour rentrer dans la "maison à Whobin". Sur le trajet, j'ai encore été très sage malgré un épisode colérique qui s'est vite calmé. Il faut dire que mes parents avaient eu la bonne idée d'emmener mon disque de comptines avec les incontournables : "Frère Jacques" dit "whawhajjj", "Pucine" (La Capucine), "Mémel" (La mère Michel) et Jhjhjhjhjeannette. Il me sembre que les 12 Mémel d'affilée ont un peu crispé mon papa sur son volant, mais vu comme j'ai été sage sur la route, ils me devaient bien ça. J'avais une faim terrible. Je n'en pouvais plus de demander "Bah... bah... bah... Bah pocoooote ?... Bah... bah... bah... Bah whaooort ?". Mes parents me répondaient n'importe quoi, mais c'était très amusant. Je me suis aussi bien amusé à faire tomber mon lapin et à dire "Oooooooooooh nooooooon, Addel !" et à faire des bisous à mon "Nounousssssssssssss" violet qui sent la lavande.

On a fini par arriver dans ma maison à moi, la "maison à Whobin". Heureux comme un roi, je suis allé dans ma chambre déballer tous mes jouets, à commencer par la "petite mason" avec les "bobommes"  et surtout faire faire par Abdel un bisou à Titi qui est resté seul pendant tout ce temps. Je me suis dit que j'allais enfin être tranquille, mais tu parles, Charles, ils avaient encore un plan tordu !

En fait on n'est restés qu'une journée chez nous. Mes parents on défait les sacs et fait d'autres sacs, bizarres, très gros, avec des bretelles. Le lendemain, Maman m'a expliqué que j'allais aller chez Papi et Mamie qui n'ont pas de poule, et ensuite chez Papy et Mamy qui ont des poules. Méfiant, je me suis laissé habiller, et on est partis avec mon papa. Maman est arrivée là-bas un peu plus tard. Chez les premiers Papi et Mamie, j'ai fait mon Robin. Je piquais des colères si je n'étais pas dans les bras, du coup j'y étais tout le temps, le pied. J'ai aussi réussi à enjamber le lit, du coup j'ai dormi sur un vrai matelas par terre comme les grands. Mon régime alimentaire était pour le moins festif puisque je me suis nourri de purée pomme de terre - poulet et de danette. Le caca était un peu plus difficile à passer, mais il faut faire des choix dans la vie. Et du coup quand j'ai fait caca, Papi et Mamie l'ont pris en photo avec mon nom à côté. Ma Mémé RRRheunée n'en revenait pas de comment je faisais ce que je voulais des grands. Une sorte de semaine paradisiaque.

Ensuite, j'ai été transféré chez les autres Papy et Mamy. Ceux qui ont des poules. J'ai un peu braillé dans la "whouature à Papy" parce que ça commence à bien faire tout de même toutes ces histoires. Le problème c'est que je n'ai pas réussi le même tour de force que la première semaine. Il faut dire qu'il y en a du monde chez Papy et Mamy. Donc malgré les roulades par terre et les hurlements, je n'ai jamais réussi à passer la journée dans les bras de qui que ce soit. En plus il fallait partager avec Coline (que je prononce désormais à merveille), qui n'arrête pas de me tourner autour, qui se met debout et qui m'embrasse après avoir poussé force cris gutturaux. Enfin, j'ai tout de même ramassé les pommes et les prunes, j'ai été voir les poules et le coq, et j'ai découvert le DVD de Connie la vache et Toby le chien, que je pourrais regarder en boucle sans me lasser. Maintenant je n'ai plus peur du chien de Papy et Mamy, quand il aboie je vais le voir en lui disant "Y'a rien du tout". J'aime aussi beaucoup suivre mon Papy partout en marchant les mains dans le dos, ou commenter la journée dans la cuisine avec Mamy, et bien sûr jouer avec Emilie, Claire et Stella, mes trois grandes copines. Tous les matins je disais bonjour à Papa et Maman sur le livre en tissu, et tous les soirs je leur disais bonne nuit. Mamy m'a expliqué qu'ils étaient partis se promener et qu'ils allaient revenir bientôt.

Quand Maman est arrivée, j'étais absorbé par Connie la Vache. J'ai mis du temps avant de m'apercevoir de sa présence. Je lui ai montré comme j'ai grandi et progressé. Maintenant je fais des phrases extrêmement élaborées, et puis je prends des initiatives conversationnelles, je ne me contente plus de compléter les phrases des livres, je les commente. Elle m'a ramené à la "maison à Whobin", où j'ai retrouvé Titi, puis Papa quand il est revenu du travail. On a bien chahuté tous les deux.

Maintenant la vie a repris son cours tranquille, à peu de choses près parce que comme les enfants chez Mamy rentraient de colo, j'ai attrapé des poux et il faut mettre du "pshscschit sur la tête". Maman m'a cueilli des "mûres", j'aime beaucoup ça. Mais je crois que ce calme tout relatif va être de courte durée, je vois ma maman pendue au téléphone pour prendre force rendez-vous chez le docteur et parler "travail"... sans parler de mes deux ans qui approchent...

Restons méfiants...

 

 

Publié dans monsieurbajoues

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Huhu! Punaiz les vacances de fou! t'as fait tellement de choses que t'as pris des mois d'un coup là.<br /> <br /> Gordes ça tabasse. <br /> <br /> Et quand ta reum fait la poule le long du mur aussi.
Répondre